Blankets, Manteau de Neige de Craig Thompson
J’ai pris ce livre sur les étagères d’une
bibliothèque qui n’est pas municipale mais qui est néanmoins tout aussi
fournie. Et quand je l’ai emprunté, sur conseil, je ne pensais pas que
cette lecture m’enchanterait autant…
Blankets
est donc un roman graphique autobiographique de Craig Thompson. Né en
1975, il raconte dans ce deuxième récit, une large partie de son
adolescence.
Entrecoupée de flash-back de son enfance, Craig
Thompson décrit ses tourments d’adolescent, ses préoccupations sur
l’avenir mais surtout son premier amour, Raina.
Cet objet littéraire
vraiment magnifique de presque 600 pages est un des plus puissants «
descripteurs » de sentiments que j’aie pu lire. Dans un dessin en noir
et blanc, contrasté, fluide, délicat, on assiste à la naissance d’un
premier amour, îlot de sauvetage dans les marécages de la puberté. Mais
également à une enfance au cœur de l’Amérique du nord, profonde et
puritaine, à la relation fraternelle « Quand nous étions jeunes, Phil,
mon petit frère et moi partagions le même lit. « Partager » est un doux
euphémisme pour dire que nous étions des enfants, nous étions piégés
dans le même lit et nous n’avions pas à discuter. »
On découvre
l’étouffement de parents trop aimants, croyants et autoritaires, la
bêtise des moqueries dans la cour d’école, la moralisation des
professeurs qui voulaient faire de Craig un homme d’église.
Et puis
cette relation avec Raina qui est vécue à la fois avec passion et
culpabilité par Craig. Profondément conditionné par une éducation très
catholique, chaque geste, chaque pensée est analysée et comparée avec
des extraits des Evangiles.
Craig trouve dans le dessin est exutoire.
Dans
cette histoire, il soigne le détail à un point inimaginable. Les pages
où Rania est le centre de tout, entourée de figures abstraites ou
réalistes sont simplement sublimes. Elle apparaît comme une icône
glorifiée.
On a envie de se plonger dans le trait de crayon et verser dans un rêve onirique.
Tout
un mélange d’émotions en 10 chapitres, le rire bien sûr, les larmes
aussi qui vont de pair, la colère, la révolte, l’espoir. Je n’avais pas
vraiment envie de le finir car je voulais continuer l’histoire de
Craig, son évolution, ses envies. Il faut un moment particulier, bien
choisi, pour le terminer.
En un mot, une superbe découverte,
émouvante et sensible sur un premier amour mais pas seulement, sur
toute une Amérique, tout un conditionnement religieux qui façonne sa
jeunesse et l’enferme dans une culpabilité inébranlable.