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6 avril 2010

Chronique "Plus Loin Vers l'Ouest" Merzhin (2010)

La Bretagne, douce terre éloignée souvent froide et caillouteuse, avance dans l’océan Atlantique comme un bout de continent appelant les Amériques. Pourtant un petit groupe d’irréductibles merlins sévit dans leur contrée depuis près de 15 ans en proposant un rock aux influences bretonnes avec bombarde, flûte et clarinette, comme pour revendiquer fièrement leurs attaches. Alors que les beaux jours se font sentir, le printemps a donné des ailes à Merzhin en allant Plus Loin Vers l’Ouest.

                                                       MPLVO


Ce nouveau voyage se fera différemment que les précédents : la major a été lâchée, et ceux sont désormais les Merzhin (merlin en breton) qui s’en chargeront, bien accompagnés par Matthieu Ballet (Alexis HK, Bashung, Miossec…).


La pochette est d’ailleurs très significative, comme le titre de l’album lui-même. Une étendue désertique seulement jonchée de pierres et de rochers, puis comme au milieu de nulle part, des rails. On pourrait penser qu’ils sont à l’abandon, à l’image d’une ancienne destination aujourd’hui révolue.


Pourtant Merzhin a clairement décidé d’emprunter ce chemin sauvage et retiré. Oui, Merzhin va Plus Loin Vers l’Ouest. Et ça s’entend. « A coup de gammes et de rengaines, ils ont fait naître une flamme, une étincelle sur leur domaine » et nous donne le premier frisson de l’album sur L’étincelle. Une parade rock qui n’a pas oublié ses racines mais qui durcit le ton.


La bombarde reste présente mais apparaît plus en retrait : Train de Nuit s’en va prendre ces allées acoustiques, où se mêlent excitation et frénésie sur de légères percussions « Jusqu’au bout de la nuit je sais que plus rien ne m’arrête, du soleil à minuit, je sais que plus rien ne m’arrête », on tient déjà notre pépite d’or.


Confortablement installé dans notre train de minuit, la douceur de la nuit vient brutalement se heurter aux rugissements des guitares de La Commedia des Ratés et ses « chacun pour soi en avant le spectacle ! », en frôlant même avec un bon vieux punk maison, un peu à la sauce de La Sourie Déglinguée et son inévitable saxo rugissant !


Comme pour nous montrer que ce voyage ne sera pas sans secousse, Sweet Guerilla s’inscrit dans cette lignée post-rock, punk et alternative, tout comme Duel et l’explosif Cobaye. Les amateurs de la reprise des Sherrifs A La Chaleur des Missiles présente sur le précédent opus Pieds Nus Sur La Braise (2006) seront amplement servis avec un Merzhin énervé, galvanisé comme jamais !


Cette violence, inédite depuis la création du groupe, nous montre que les ressources de Merzhin sont profondes, renouvelables, mais surtout en pleine diversité musicale. Car ce virage punk remarqué sur un bon tiers de l’album se conjugue aussi avec la subtilité de morceaux beaucoup plus posés, aux frontières du rock breton tout comme de la folk. On ne se lasse pas de ré-écouter des opus tels que Le Serment, ballade poétique à outrance bien amenée par la voix envoûtante de Pierre et surtout la clarinette de Ludo, tels que les précédents Au Bout de la Scène ou Nu et Noir de Pied.


Amarillo ne déroge à aucun moment à cet éclectisme généralisé, bien au contraire : sonorités bien pensées qui nous transportent de la Bretagne natale à coup de bombarde mais bien plus loin que ça… Les guitares sèches donnent ce côté latino, mêlant chants en français et espagnol.


Le train de nuit fumant dans cette chaleur bretonne nous propose un nouvel arrêt : utilisation d’un sitar pour débuter Cavaliero en Inde, revenir en Bretagne avec la bombarde pendant le refrain, et finir cette charge musicale dans un grondement électrique.
 

Ce Merzhin là n’a pas fini de nous étonner : Le Pacte du Diable propose une mélodie entêtante sous fond de banjo, puis la dernière des treize pistes pointe déjà le bout de son nez : Plus Loin Vers l’Ouest fini comme l’on aurait pu s’en douter : sur des airs de far ouest, comme si Clint Eastwood s’était mis tout à coup à faire de la musique pour ses westerns !


« Rien ne presse… seul compte le chemin, plus loin vers l’ouest ». Merzhin a bel et bien pris cette direction, et qui plus est de façon admirable. Au bout du compte la compilation de reprises Moon Orchestra sortie l’été dernier en acoustique fait figure de transition entre cet opus et le précédent.

Souvent trop catalogué à un –rock breton-, Merzhin vient de lancer un sacré signal au rock hexagonal. Souffrant malheureusement de visibilité, il mérite plus de reconnaissance car nous
 tenons là un des meilleurs albums de ce début d’année 2010. Ne reniant pas ses origines, il a su mélanger ses influences musicales locales tout en les dépassant et en diversifiant ses genres. A la sortie de Pieds Nus Sur La Braise en 2006, on parlait d’album consécration. Aucun doute là-dessus, le groupe s’est servi des cendres brûlantes pour se forger un style propre et personnel. Les attentes en 4 ans se sont faites plus lourdes et plus pressantes… mais de là à proposer un tel voyage, il faudrait que le rock français aille plus loin vers l’ouest plus souvent.

                         Merzhin_live



LE CD DANS LE DÉTAIL

L'album :
1) L'étincelle
2) Train de nuit
3) La commedia des ratés
4) Le serment
5) Sweet Guerilla
6) Cavaliero
7) Amarillo Slim
8) Liberté
9) Duel
10) Le nord
11) Le pacte du diable
12) Cobaye
13) Plus loin vers l'ouest

Durée : 48 minutes
Label : Une autre distribution
Album : 4e
Genre : Rock français
Sortie : Mardi 6 Avril 2010
Chronique également dispo sur : Discordance.fr et Le Musicodrome (blog)

NOTE : 18/20

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