Rammstein, Damien Saez... la censure va-t-elle trop loin ?
C'est une question qui, forcément, revient au devant de l'actualité musicale du moment. Tout le monde (ou presque) aura suivi derrière son téléviseur le (petit) coup de gueule de Damien Saez donnait sur le plateau de Ce Soir ou Jamais le 9 Mars dernier sur France 3, suite à la récente censure de son nouvel album, J'accuse. Rassurez-vous, cette tendance est à la mode, il n'est pas le seul...
On parle souvent de la censure politique mais la censure musicale a fait son bonhomme de chemin. On nous balance de temps en temps des pavés dans la marre histoire de dire "attention, l'œil vous guette" et on vous remet une couche pour quelques mois.
Le dernier cas en date concerne donc Damien Saez, tout fier de présenter son nouvel album J'accuse qu'il nous annonçait depuis presque 2 ans. Et comme c'est un garçon qui a une certaine notoriété, il avait demandé à Jean Baptiste Mondino de réaliser une affiche promo. Cliché choisi : une femme, nue, dans un caddie de supermarché, de couleurs noir et blanc, avec un seul mot "J'accuse". Cette affiche devait servir de promotion du nouvel album mais le l'Autorisation de la Régulation Professionnelle de la Publicité a déclaré ceci : "L'affiche présente un caractère dégradant pour l'image de la femme dans la mesure où elle apparaît nue, et qui plus est dans un chariot de supermarché."
Je ne suis pas un fervent amateur de Saez, je ne l'ai jamais été. Mais ceci me paraît clairement disproportionné : Premièrement, pour prendre pied à la lettre le verdict de l'ARPP, la femme est nue, certes, mais rien n'est dévoilé (sexe, fesse, seins sont cachés). Deuxièmement, d'un point de vue perception de la publicité, le message est assez clair : oui, la femme est vue comme une marchandise puisqu'elle est dans le charriot, mais justement, elle est surplombée d'un et unique mot "J'accuse".
L'affiche a un message de fond et cherche à le faire passer. Quel est le problème ? Le métro parisien a peut-être peur d'être choqué ? Pourtant les publicités de lingeries avec des femmes pulpeuses et sexy ça ne semblent guère les gêner...
Pourquoi le couperet est-il tombé sur Saez ? Tant d'autres avant lui sont pourtant passés entre les mailles du filet. Au delà du garçon naïf, il y a aussi le garçon paradoxal. Lui qui se sent brusquement poussé par une envie de revendication soudaine a bien su en profiter auparavant. Vous vous souvenez de son clip "Sexe" en 2002... censuré ? Car il ne faut pas le nier, il y a aussi un grand coup de pouce commercial à travers cette histoire. Nous fonctionnons un peu tous de la même façon : on aime l'interdit, notre curiosité se trouve attiser à travers cette censure. Au final on arrive à quoi ? On sait tous que Saez va sortir un nouvel album, on va peut-être l'écouter, et le clou, on peut le plaindre. Un clip censuré est sûr d'exploser le compteur de "vues", et nouveau coup de pub' pour lui, on en parle sur le blog. Bien joué Damien.
C'est une stratégie vieille comme le monde, ce n'est pas le premier à qui ça arrive. Pour prendre un cas récent et à une échelle plus grande, prenons l'exemple de Rammstein, groupe d'indus métal allemand. Jouissant d'une popularité internationale, leur avant-dernier album a été un immense flop, entraînant une pause de quelques années histoire de se remettre à flot. Soif de revanche, leur dernier opus Liebe Ist Für Alle Da sorti en Septembre 2009 est toujours le fruit d'une grande controverse. Le premier clip, "Pussy" a été le point culminant de l'affaire : censuré pour des images à caractères pornographiques, le clip ne passe sur aucune chaine allemande. Oui, le clip est un peu "chaud", mais vous verrez par vous même que les propos sont exagérés...
Concernant le clip de Rammstein, je peux encore comprendre la réticence et de le déconseiller à un certain public. On a clairement franchi un cap dans le stade du "message". L'affaire concernant était même allée beaucoup plus loin : le gouvernement allemand avait décidé d'infliger une amende de 10 000€ par membre du groupe s'ils jouaient sur scène au moins un titre de leur dernier album au concert de Dortmund. Les mineurs devaient également être accompagné d'un tuteur ou parent...
On dépasse alors les limites du tolérable. Là-t-on fait pour Marilyn Manson ? Pourtant il excelle en matière de provocation et de simulation de levrette sur scène au top de sa forme !
On autorise un tissu de clip "torchons", où là par contre l'image de la femme est dégradée (puisque ceux sont les reproches). Ces filles, à moitié à poil, qui font les chaudasses dans tous ces clips... on tolère ?