Chronique "Y'a Basta !!!!!" Les Caméléons (2009)
On ne compte plus les années pour Les Caméléons. Des débuts en 1991 et un 7e album très attendu pour nos compères bretons. Assaillis par les critiques du précédent opus, Ya Basta !!!!! arrive à point nommé pour défier la chronique.
Pas de Concessions (2006) est déjà loin. Trois ans de recul auront permis de dire Ya Basta !!!!! a tout ce qui y’a été dit ces dernières années… Les Caméléons
ne sont pas morts, non, ils bougent encore ! Mieux, c’est avec un œil
attentif qu’ils ont procédé à la composition de ce nouvel album.
Le punk rock festif amorcé sur Pas de Concessions avait déplu, indéniablement. Ce n’est pas l’identité des Caméléons,
pas ce que recherche son public. Pourtant le groupe mûrit et il est
libre de choisir ses tendances. L’évolution musicale reste la clé de
voute pour la continuité d’un groupe.
Cependant dans cette nouvelle galette on a du mal à voir où veulent en venir Les Caméléons. Comme s’ils ne savaient plus quoi proposer en quelque sorte. Des retours aux sources dignes de Hay La Frita en 1995 sur le premier morceau de l’album, Comme s’il en pleuvait.
Les cuivres sont explosifs, les paroles toujours aussi percutantes «
comme s’il en pleuvait, des euros, des dollars, des familles qui
crèvent la dalle…. Comme s’il en pleuvait, des gendarmes, des flashs et
des radars ». Avec le fameux chant en espagnol pour lancer le set !
Bref, un régal. On ne pouvait rêver meilleure ouverture.
La suite reste dans la même lignée : La Famine
débute curieusement sur des airs d’accordéon pour se voir suppléer de
saxos déroutants. On remarque la nette mise en avant d’un jeu de basse
qui donne un sacré côté rock’n roll à nos bretons skateux.
Cependant Les Caméléons aiment piocher dans leurs placards à succès : La Muneca semble être tout droit sortie de l’album révélateur Todos, où les sonorités nous donnent l’impression d’avoir été déjà entendues. Tout comme sur La Machine,
morceau réussi sur le réchauffement de la planète, mais avec un refrain
assez ressemblant à des passages de leurs acolytes des Marcels…
Mais les choses se gâtent. Juke-Box
est le premier flop : on ne voit pas la réelle utilité de ce troisième
track. Une revendication « génération post enfant du rock, ton histoire
tient dans un juke box » où voix remixée lance le début de la compo.
Reprises de célèbres refrains mythiques entrecoupés de « j’aime
regarder les filles qui marchent sur la plage ». Les trois minutes
passées nous paraissent bien longues… Même constat pour Royal de Luxe : les mélodies sont banales et musicalement parlant cela n’apporte rien de nouveau.
Après un léger retour au rock festif, Les Caméléons semblent s’orienter vers un punk rock festif aiguisé encore plus marqué que sur Pas de Concessions… Les Dix Doigts nous rappelle Soleil d’Italie (album précédent), et n’hésitent pas à nous submerger de riffs de guitare imposants.
Ecolo quant à lui va faire figure d’ovni au milieu de Y’a Basta !!!!
Un portrait disco/rock noir des politiques qui se disent écologistes
est dressé… Si le concept est original, son rythme casse littéralement
la ligne directive fragile de l’album.
Comme si la moitié du set passée nous lançait un sérieux message : Les Caméléons n’ont
pas renié leurs origines et peuvent encore faire du ska en chantant en
espagnol. Mais ils savent aussi faire du punk rock festif.
Une fois
le signal capté, on se dirige presque sans surprise vers les derniers
morceaux : des compos très inégales, qui se subdivisent en plusieurs
rythmes. On chante en espagnol… en faisant du rock plus que du ska !
America Latina et Barcelona
dégagent une puissance époustouflante et risquent de faire des dégâts
sur scène, mais symbolisent aussi beaucoup de choses : elles sont le
reflet de ce que veulent être Les Caméléons
aujourd’hui : un groupe plus punk rock festif que de ska en essayant de
mixer le tout, tout en gardant ce qui plaisait au public : l’alternance
du chant en français et en espagnol.
Enfin les deux derniers morceaux seront eux exclusivement tournés vers le punk. Adieu Chantal va faire très mal par sa violence, on peut imaginer y voir un Rancid. A la manière de La Ruda, Chanson à Fab
dresse le portrait d’un amateur de rock « faudrez bouger, tous à
l’unisson, le rock’n roll c’est tout à fond ! », avec riffs saccadés,
guitares déchainées et coup de buttoirs endiablés.
Une fin d’album en feux d’artifices qui met un terme au 49 minutes de Y’a Basta !!!!
On est malgré tout déçu de ce nouvel album des Caméléons. Pas de Concessions marquait un net tournant musical dans le groupe, Y’a Basta !!!!!
ne fait que le confirmer. Ce n’est pas tant le virage amorcé qui gène,
mais plutôt le fond à proprement dit : des paroles très inégales qui
soufflent le chaud et le froid, certaines compositions qui manquent de
rythmes entrainants, et surtout des passages punk assez ressemblants
qui souffrent de diversité…
Espérons que l’album prenne toute son ampleur en live. Mais dans ce domaine, Les Caméléons excellent depuis des années…
Dans les bacs le lundi 21 septembre 2009.
LE CD DANS LE DÉTAIL
L'album :
1) Comme s'il en pleuvait
2) La famine
3) Juke-box
4) La muneca
5) Les dix doigts
6) La machine
7) America latina
8) Tête de pioche
9) Barcelona
10) Royal de luxe
11) Ecolo
12) Adieu Chantal
13) Chanson à Fab
Sortie : 21 Septembre 2009
Durée : 46 minutes
Label : Todos Production
Album : 7e album studio
NOTE CD : 12/20
Pour en savoir plus…
- Site Officiel : www.lescameleons.fr
- Myspace : www.myspace.com/lescameleons
Egalement disponible sur Le Musicodrome, mais aussi sur le Webzine Discordance.fr