Chronique "Bon Chic... Bon Genre !" Marcel et Son Orchestre (2009)
Retour sur le devant de la
scène pour les déjantés du Marcel et Son Orchestre en avril dernier
avec leur nouvel album intitulé Bon Chic… Bon Genre ! . Après que
beaucoup aient considéré la galette précédente E=CM2 comme un flop,
c’était forcément avec une certaine appréhension que l’on attendait le
7e album du groupe. Alors les Marcel, BCBG ?
Un peu plus de 2 ans et demi entre le 6e et 7e album, ce fut le temps que Marcel s’accorda pour remettre les couverts. Toujours aussi décalés, nos Marcel viennent encore enfiler leurs habits de fêtes, déguisés en femme, et ont décidé de nous montrer la vie sous un autre œil. La pochette de l’album a d’ailleurs été réalisée par Charb, dessinateur et désormais directeur de publication au Charlie Hebdo. On reste dans l’esprit ! Plus nerveux, plus fougueux, voici comment Marcel et Son Orchestre revient en 2009.
Bon Chic Bon Genre est indéniablement meilleur que E=CM2, aucun doute là-dessus. Cependant quelques petits détails viennent gâcher la copie, comme si les imperfections du précédent étaient encore présentes. Pour vous expliquer ce long album des Marcel, 55 minutes pour 18 morceaux (enfin long, on est tellement habitués désormais à avoir des albums de 35-40 minutes, que l’on est surpris !), que nous allons procéder par portraits. Car à vrai dire, cet album est truffé de clichés et de symboles.
Portrait n°1 : Mars Attack
Ah Mars Attack, film mythique me direz-vous, ô que oui ! Marcel lance comme il se doit cette nouvelle galette avec le premier rouleau compresseur vivant (oui oui !), le Marcel Attack ! Véritable chasse aux cons « la connerie est bien répartie, aucune place, pas un pays n’échappe à son lot d’abrutis ». Avec des sonorités tirées de Mars Attack, Marcel débarque de sa planète pour nous proposer leur son "furieux-démoniak-aphrodisiak ", avec un rock aiguisé tout droit sorti des tendances de l’album E=CM2. Grand retour des saxos sur le refrain qui nous lance un signal : cet album sera festif… mais toujours aussi rock.
Portrait n°2 : Une seule solution ? L’occupation !
L’ovni Marcel se transforme brutalement en bal musette ! Accordéon, effet des voix comme si l’album était enregistré dans les années 50, pour le morceau Nous n‘avons plus les moyens. Déconne et dénonce « qu’Est-ce qu’on attend pour effacer des mots comme Solidarité ? Prônons un seul mot, OCCUPATION ! » Une intro digne des radios pétainistes de l’époque « un rire bon, un rire frais, un rire français ! ».
Portrait n°3 : Le SDF et le froid
Place à la chanson française désormais, agrémentée de quelques cuivres en hommage à un SDF, Tuma, décédé à Lille durant le dernier grand froid hivernal. Séquence émotion après la phase « délirium » des deux premiers morceaux. Pas de doute, le vaisseau Marcel est bien redescendu sur Terre.
Portrait n°4 : Je suis décomplexé !
Le ska tant espéré à la sauce Marcel arrive enfin sur cette quatrième compo. Jeux de basse, saxos entrainants, « je suis décomplexé ! » est tout à fait ce que l’on attendait des Marcel pour leur grand retour en 2009. Ce morceau, Décomplexé, porte bien son nom !
Portrait n°5 : L’ado de base
Marcel retombe un peu dans les travers remarqués dans l’opus précédent. Sur Elle veut plus me donner la main, le groupe s’hasarde dans un rock passe partout à la limite du punk/rock, avec des paroles futiles concernant les relations amoureuses d’adolescents… Mais force est de constater que Marcel en est conscient vu les références citées dans le morceau, avec Harry Potter en tête. Il faut dire que Marcel a toujours aimé se moquer des ados boutonneux soit dit en passant !
L’art du décalage, Leçon 1/3
Pigeons/Vaches est le premier interlude de 20 secondes de l’album, Marcel n’a cependant pas perdu son imagination pour trouver des conneries. Sur un air d’accordéon, on ressort scié du peu de paroles « lorsqu’on voit ce que font les pigeons sur les statues, il faut remercier Dieu… de ne pas avoir donné d’ailes aux vaches ! ».
Portrait n°6 : Claude François, la dernière étincelle
Marcel veut explorer tous les domaines, ne pas se prendre la tête, et surtout déconner. Cela se voit, La baignoire de Cloclo est en la référence ! Sur des airs à la Claude François, Marcel se lance dans une performance de 5 minutes disco qui élabore des morts stupides ! « En plus Johnny Halliday était une menace ! ». C’est vraiment con une mort domestique !
Portrait n°7 : Super Patron
Un ska timide fait son apparition sur Un jour viendra, mais toujours à prendre avec des pincettes, la batterie et les guitares sont encore dominantes. Ici Marcel s’attaque aux ambitions des hommes d’être sans cesse les meilleurs, et de s’obséder qu’à leur travail… Oui, « un jour viendra où plus personne ne rira ». Super Patron = Super Boulot = Super Héros.
L’art du décalage, Leçon 2/3
Restons Calmes est le deuxième interlude, un peu plus long que le premier. Délire punk/garage « non je ne suis même pas énervé », en déchargeant sa haine dans le micro !
Portrait n°8 : Quoi j’ai dit ?
C’est déjanté, c’est décalé « faudra m’expliquer, donnez moi la clé, le code est compliqué », Marcel essaie de trouver la bonne façon de parler, on est bien dans l’esprit BCBG. Par exemple « Je voulais sortir de ma place de parking, mais un gars est stationné devant… Je klaxonne et il m’a balancé ça te dérange qu’un arabe a une belle caisse ? ». La conclusion « les gens sont susceptibles ! », une série d’exemples en tous genres.
Portrait n°9 : Quel malheur d’avoir un mari bricoleur
Pour ma part le meilleur morceau de l’album. Super Bricoleur c’est une basse, claviers, saxos, des rythmiques authentiques à la Marcel, un retour aux sources digne des succès d’antan. En plus qui ne s’est jamais reconnu en tant que super bricoleur… et observer, dépité, son travail qui ressemble à tout sauf ce qui était prévu ?
Portrait n°10 : Le révolutionnaire
Waouh, deux morceaux consécutifs plutôt ska, ça a le mérite d’être souligné ! « La révolution se fera sur l’édredon ! ». Marcel n’avait pas encore trop parlé d’adultères, « on ne fait pas ça sans entraînement ! ». La règle a été respectée !
Portrait n°11 : Trop, c’est trop ?
Trop de trop est, sans faire un jeu de mots pourri, le morceau de trop. On ne voit pas de réelle créativité ou originalité d’un point de vue musical. Deux-trois notes à la guitare viennent casser la routine « car trop c’est trop, y’en a trop, on voit que ça sonne faux !». Le groupe se moque des gens qui mettent le mot « trop » à toutes leur fin de phrases, comme « trop bon, trop cool, trop con, trop nul, trop chanmé… » la liste est longue. Dommage que la musique n’est pas été plus travaillée car sur le fond ils ont raison !
Portrait n°12 : Halte à ceux qui suivent les films en deux parties !
Raconte la Suite 1 et 2 (morceau en deux parties, ironie quand tu nous tiens !) est à l’eau de rose, bruit de la mer, on imagine déjà une plage au sable blanc, avec une bonne vieille gratte. Une belle histoire, d’amour, allez « raconte la suite ! ». La dérision poussée dans ces derniers retranchements, la deuxième partie dévoile malheureusement que la jolie fille était un alien… et lui broya les testicules. Comme quoi il vaut mieux s’arrêter à la première partie…
L’art du décalage, Leçon 3/3
Comme les filles, troisième et dernier interlude de BCBG. A coup de buttoirs électroniques, « comme les filles, on est des langues de putes ! Comme les filles, on prend une bière… et on est défoncés ! ». C’est dit.
Portrait n°13 : Chérie, ce soir on… ?
On retrouve sur Elle n’est pas d’humeur ce côté disco que Marcel semble apprécier, mais on se délecte bien des excuses trouvées par votre femme pour ne pas faire de câlin ce soir… « par contre les filles sur le net elles sont d’humeur ». « Oui mais avec les rencontres sur le net, les virus je me méfis ! ». Pour finir, Marcel change le célèbre refrain de Matmatah pour un « si ta copine te contrarie, vient donc faire un tour à Orchy ! ».
Portrait n°14 : Ce sera tout ? Hum non !
On adore, c’est entrainant, c’est frais, c’est sautillant « au marché, tu vas tout trouver, des chaussettes magnifiques, des bonbecs en sac d’une tonne… sauf si tu cherches l’amour ! ». On se laisse facilement embarquer par le discours utilisé, simpliste mais qui fait mouche, du Marcel. Un des meilleurs morceaux de l’album indéniablement, qui élabore un rapport entre l’amour à l’étalage et le marché…
J’ai un peu fait la mauvaise langue sur l’idée que cet album, comme le précédent, est résolument moins ska que ceux des débuts du groupe. Certes, c’est une constatation, mais pas une fin en soi. Il est meilleur que E=CM2, plus long, plus abouti, plus soigné, plus varié aussi. Marcel et Son Orchestre est vraiment parti dans son délire en essayant diverses influences (rock, ska, reggae, disco, musette, acoustique…) et en abordant tous les thèmes qui lui passait par la tête. On est beaucoup plus dans l’esprit « danse/déconne/dénonce » que, je me répète, E=CM2. De façon générale il manque un peu de panache. Ceux sont les quelques imperfections que j’ai remarqué, comme notamment des morceaux un peu trop rock « rudimentaire ». Mais la présence de 18 titres nous les fait vite oublier. Je n’émets aucun doute sur la prestation scénique du groupe, où ce BCBG est taillé pour le live.
Marcel et Son Orchestre, Bon Chic… Bon Genre ! (55 min), dans les bacs depuis avril 2009.
Tracklist :
1) Marcel attack ! // 2) Nous n’avons plus les moyens // 3) Tuma // 4)
Décomplexé // 5) Elle veut plus m’donner la main // 6) Vaches / Pigeons
// 7) La baignoire de Cloclo // 8) Un jour viendra // 9) Restons Calmes
! // 10) Susceptibles // 11) Raconte la suite // 12) Trop de trop //
13) Super Bricoleur // 14) Révolution // 15) Raconte la suite II // 16)
Comme les filles // 17) Elle est pas d’humeur // 18) Au marché.
Pour en savoir plus…
- Site Officiel : www.marceletsonorchestre.com/
- Myspace : www.myspace.com/marceletsonorchestre
Pour écouter l'album c'est ici :
http://lemusicodrome.canalblog.com/archives/2009/07/01/14255807.html#comments