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16 juillet 2010

Live Report d'IAM au Festival Wonegain de Bagnols sur Cèze

Le nord du Gard compte désormais un nouveau festival qu’il va falloir suivre de très près lors des prochaines années. Pour seulement sa quatrième édition, le Wonegain Fever Festival a réussi à faire venir Jacques Higelin, IAM, Beat Torrent, Missill, Mellino des Négresses Vertes et Ben l’Oncle Soul pour ne parler qu’eux. En ce vendredi 9 juillet 2010, c’est donc en direction de Bagnols sur Cèze que la soirée va se dérouler pour assister au show très attendu d’IAM en direct de la Planète Mars’.

                           IAM_live

C’est une belle histoire qu’est en train de réaliser l’asso’ Vers les Arts de Bagnols. Déjà une quinzaine d’années d’expérience dans la bouteille, de multiples manifestations culturelles d’organisées, et surtout une quatrième édition en 2010 pour le Wonegain Fever Festival qui ne cesse de grandir. Deux premières éditions très locales, un troisième volet avec un peu plus d’audace (Java, Chinese Man…) qui avait toutefois ramené presque 4000 festivaliers, puis enfin cette quatrième apparition qui restera quoiqu’il arrive un carton plein niveau affluence.

Si la veille la soirée assez électronique avec Beat Torrent, Missill et Dub Welders est un succès, c’est bien entendu IAM qui fut la cible de toutes les attentions, où une foule impressionnante s’est déplacée de tout coins pour assister à la renaissance confirmée du groupe le plus populaire du rap français depuis plusieurs dizaines années.

Un retour en 2003 après 6 ans d’absence, six années interminables qui n’ont fait que refléter le manque de renouvellement du rap français et un genre qui s’est englué dans les clichés. Si Revoir un printemps est mitigé, Saison 5 en 2007 n’a fait qu’entériner l’ultra domination d’IAM sur la scène hip hop française. Le concert d’hier (et comme les précédents) n’a fait que confirmer l’immense côte de popularité des marseillais.

IAM le sait bien et le rend à merveille, mais surtout il n’oublie pas d’où il vient. Choc des cultures, il a traversé les années 80 et 90 pour finalement proposer en 2010 ce qu’il fait le mieux : mélange des époques, des styles, des albums, des projets aussi. A peine débuté qu’IAM nous envoie un signal fort. La mixité ethnique et culturelle sera au cœur du show qui s’ouvre magistralement par deux opus : L’école du micro d’argent et Planète Mars, véritables opus de 1997 et 1991. S’enchaîne Samouraï, morceau du premier album solo de Shurik’N, Où on Vit. Ce dernier étonne par son entrée en matière et s’inscrit musicalement dans les débuts d’IAM. Visiblement le public connait bien le titre « et même si la peur m’assaille, je partirais comme un samouraï ! ». Comme l’a régulièrement répété Akhenaton, ce soir c’est « comme à la maison ! ».

                           AKH

Tout le monde est mis sur le même pied d’égalité avec les brûlots récents mais tout aussi ravageurs tels que Ça vient de la rue ou le très célèbre Chez le mac de L’école du Micro d’Argent. Le ton commence à monter sur le stupéfiant Une autre brique dans le mur et le bassiste Freddy s’affiche… Le premier « fifty-fifty » approche. Le groupe dégage une simplicité sur scène déconcertante, n’hésite pas à se rapprocher du public et se démarque par sa proximité. Les échanges entre les deux partis prennent de l’ampleur sur le premier gros hit de la soirée, l’incontournable Nés sous la même étoile. Tous connaissent les paroles, tous sont à l’unisson, la foule reprend encore plus fort « la vie est belle, le destin s’en écarte ; personne ne joue avec les mêmes cartes ; le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu’il dévoile ; tant pis, on n’est pas nés sous la même étoile ».

Ça transpire la bonne humeur, les sourires se lisent sur tous les visages que ce soient sur scène ou dans la fosse. Il faut dire aussi que les 9 membres du groupe assurent par leur présence scénique. La configuration du théâtre de verdure de Bagnols confère à ce lieu parfaitement approprié un petit côté de la période Antique non sans rappeler les célèbres pyramides de Gizeh évoquées de façon récurrente par IAM.

Les tendances et les albums se croisent, mais IAM pense aussi à ses potes : le featuring de Shurik’N et de Faf La Rage notamment avec La garde meurt "mais ne se rend pas !" qui remonte à 1998, Un cri court dans la nuit de 1997, le percutant Hip hop ville, tout comme un tout premier exclu du nouvel album en préparation prévu pour début 2011, MC. « Il y a toujours un bon morceau qui traine dans les tiroirs » comme le soulignait Akhenaton. Après s’être quelque peu moqué de ses origines italiennes « la cinquième étoile on l’a mettra sur la manche, il n’y a plus de place sur le maillot », un silence imparable s’installa dans les travées lorsqu’il déversa toute la force des mots dans Mon texte, mon savon (partie 2) dédicacé à sa femme Aïsha.

                           IAM_live_2

Un court passage d’émotion qui se succéda rapidement à une nouvelle acclamation pour le très attendu Offishall. Un régal d’une bonne dizaine de minutes puisqu’IAM s’est offert le luxe de scinder le morceau avec un sacré interlude reggae/dub au milieu de la composition afin de se faire un petit plaisir. Vent frais sur les textes, un second souffle qui ne tarde pas à se renforcer sur Qui veut du funk. Décidément, IAM nous la joue vraiment à l’ancienne. Dans cette ambiance bleutée qui symbolise les albums Ombre est lumière (1993), la funk déversée nous présage un Je danse le mia qui ne tarde pas vraiment à arriver. Boules à facettes de sortie et surtout Le feu qui finit par exploser « ce soir on vous met ! Ce soir on vous met le feu ! », inventé également par le groupe aux heures de gloire de l’Olympique, on ne le répètera jamais assez. Il ne reste plus grande monde d’assis dans les gradins, les classiques affluent avec un Independenza qui sent la fin de concert…

Pourtant ils ne partiront pas bien longtemps dans les coulisses, la pression fut trop forte à supporter. A 23h15, nous avions dépassé le stade de l’acclamation… Les droits d’auteurs ont du s’envoler, mais IAM fit son retour sur scène avec la musique de la marche impériale… bien sûr, comment a-t-on pu l’oublier ? Munis de sabres lasers à néons, le groupe nous interpréta dans les règles de l’art le cultissime L’empire du côté obscur. Bagnols encore en ébullition, et pourtant une nouvelle claque fut infligée par l’arrivée de Petit Frère dans la foulée…
Comme pour parachever ce concert de la plus belle des manières, un banc est amené sur scène pour interpréter un énième incontournable d’IAM, Demain c’est loin, et 10 minutes de rabais.

                           IAM_live_3

Oui, après un concert d’IAM, demain c’est loin. Impossible de rester insensible à la force que dégage ce groupe, que ce soient par ses chansons, par ses textes, par son caractère. « le rap c'était mieux avant » : un message juste, une vision pessimiste de la société mais agrémentée de revendications véridiques qui ne font que confirmer que le public s’identifie encore pleinement dans l’identité dégagée par IAM, plus de 20 ans après sa création. Pilier du rap français, il ne reste que peu de rescapé face à la tourmente du hip hip bling bling dénoncé dans les titres d’IAM.

Un concert à l’ancienne traversant les albums et les périodes, IAM s’est fait plaisir… et Bagnols s’en rappellera longtemps.


LE CONCERT DANS LE DÉTAIL

Festival :
Wonegain Fever
Groupes : IAM + Ben L'oncle Soul + Dizzy + G-Mo
Soir : 3e (sur 4)
Date : Vendredi 9 Juillet 2010
Lieu : Théâtre de Verdure
Ville : Bagnols sur Cèze (Gard)

Set List (par album) :
  - De la planète Mars (1991) : Planète Mars
  - Ombre est lumière (1993) : Je danse le mia, Le feu
  - L'école du micro d'argent (1997) : L'école du micro d'argent, L'empire du côté obscur, Petit frère, Nés sous la même étoile, Demain c'est loin, Chez le mac, Independenza, Un cri court dans la nuit
  - Revoir un printemps (2003) : Mental de Viêt Cong
  - Saison 5 (2007) : Hip hop ville, Une autre brique dans le mur, Ça vient de la rue, Offishall
  - Projet Shurik'N : Samouraï, Manifeste
  - Projet Akhenaton : Mon texte, le savon (partie 2)
  - Bonus : Qui veut du funk, La garde meurt (feat Faf La Rage)
  - Inédit nouvel album (2011) : MC

Pour infos le rappel c'était : L'empire du côté obscur, Petit frère, Demain c'est loin

Durée concert : 1h35
Chronique également dispo sur : Le Musicodrome (http://lemusicodrome.canalblog.com)

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Commentaires
Z
En fait c'est pas tellement dans les textes que je le trouve commercial mais plutôt dans la musique et dans les featuring. Il faudrait peut-être que je le réécoute mais Revoir un printemps, musicalement ressemble plus aux anciens. <br /> Aux premières écoutes, j'avais pas vraiment accroché...
A
Je ne savais pas quelle set list ils allaient jouer... Plutôt la tournée du dernier album "Saison 5" ou alors plutôt une tournée d'anthologie ? La deuxième hypothèse a primé, une grande partie des incontournables a été jouée, un régal.<br /> <br /> Avec le recul et une écoute plus poussée, je trouve que Saison 5 est largement au dessus de Revoir un Printemps... Niveau texte, musique et intensité. Et je dirais que pour un album de re-formation (Revoir un printemps), il sonne vraiment creux. J'ai un peu trop laissé de côté aussi Saison 5, et pourtant je me rends compte qu'il est beaucoup mieux que ça. Je te trouve sévère sur le "commercial" alors que le provoquant "Rap de Droite" résume à merveille l'atmosphère néfaste du rap français, et critique justement ce que tu affirmes... Écoutes-là tu verras.<br /> <br /> Afin chacun son point de vue :)
B
Bonjour,<br /> Je tenais à te féliciter pour ce post très complet.<br /> Très bonne journée,<br /> Yannick<br /> http://groupe-iam.blogspot.com/
Z
Ca avait l'air excellent ! je les ai vu une fois à Nice, pour la tournée Revoir un printemps, j'en garde un souvenir super fort. Comme je n'ai pas vraiment aimé leur dernier album, trop commercial à mon goût, je ne suis pas allée les voir il y a quelques semaines quand ils sont passés au théâtre de Verdure, avec ton article, je le regrette sévère !
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