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3 juin 2009

Chronique "Le Goût du Sans" Syrano (2009)

On ne parle pas assez de Syrano. Pourtant son premier album Musiques de Chambre sorti en 2006 était un des meilleurs cds de l’année. Elu artiste tremplin révélation dans de nombreux grands festivals français, on attendait avec impatience la deuxième galette. Et c’est en mars dernier qu’elle finit par arriver à nos oreilles affûtées…

                       syrano__le_go_t_du_sans

    Force est de constater que c’est avec un peu d’excitation et d’appréhension que nous écoutons Le Goût du Sans la première fois. La claque reçue sur le tout premier album avait été tout simplement monumentale, on se demandait avant tout si le jeune Syrano pouvait réaliser avec sa troupe une performance de si haute volée deux fois consécutivement…

    Pour ceux qui ne connaissent pas, Syrano est polyvalent : il réalise ses pochettes et livrets essentiellement à l’aquarelle, il est auteur, compositeur et bien entendu : chanteur.
Il s’invente son propre monde, dans sa bulle. Il créait son univers et flâne entre les frontières du hip hop et de la chanson française avec un talent incontestable. Vous pensez à Java ? À Prohom ? Aux Ogres de Barback ? Vous avez tout faux. Vous croyez reconnaître des ressemblances, détrompez-vous : Syrano ne ressemble à personne… si, à du Syrano

    Il continue à raconter des histoires : Le Goût du Sans s’inscrit dans la même lignée que Musiques de Chambre. La délectation à nous conter ses mésaventures est toujours un régal, l’éclectisme en point culminant.

    Syrano met le doigt là où ça fait mail : le premier titre « Origami » montre la voie du thème dominant de l’album, le mélange, la diversité ethnique et culture. Violoncelle, accordéon, guitare sèche lancent comme il se doit le refrain « ils veulent des papiers, on va leur jeter des origamis ! Plein de petits avions et des bateaux de cartons… même les lois se plient ».

    La deuxième composition est tout droit sortie des morceaux qui nous envoutaient avec tant de force sur le premier opus : « L’enfant moitié » sera pour beaucoup la piste la plus belle de l’album. Syrano nous lâche en pleine figure et avec légèreté une véritable leçon humaniste sur une mélodie marquée par la harpe et un violon.

    Le morceau qui suit est « L’ours en peluche ». Syrano nous a régalé sur les deux premiers titres, mais nous restions dans le domaine du connu. « L’ours en peluche » marque la première rupture : nous avons droit à une flûte traversière et un violon dominants… et à des sons électroniques. Syrano travaille ici l’imaginaire d’un enfant à travers son ours en peluche qui se volatilise en grandissant, en utilisant les sons d’un thérémin. Premiers signes avant coureur que Syrano a envie d’explorer d’autres horizons.

    L’évasion continue, toujours avide de voyages.  « La fille de par le vent » prend aux tripes… La contre basse se montre prenante, on se voit en train de bouger la tête de gauche à droite, la batterie nous fait broyer du noir, l’accordéon sur « la fille de par le vent a pris mon cœur dans ses bagages, mais peu importe s’il voyage… le principal c’est qu’il s’enrichisse » fait prendre au morceau une dimension dramatique. Ce premier quart d’heure est tout simplement une petite merveille musicale.

    On en vient à ce cinquième morceau tant attendu. Le débat de tous bords s’exprime autour du mot « Bleu ». En effet c’est LE morceau fédérateur de l’album, à l’image du message véhiculé depuis le début. La brochette d’artistes est révélatrice de la prise d’ampleur du groupe : Mourad de La Rue Kétanou, François Hadji-Lazaro de Pigalle entre autres, Imbert Imbert, Frédo des Ogres de Barback, Mell et Batlik se renvoient les idées à tour de rôles. Un régal. 4 minutes où le piano va laisser sa place au violon puis à une assourdissante guitare électrique. Un véritable volcan en ébullition.

    Le rythme ne diminue pas, « Garçon de Joie » enchaine. L’intro ressemble à « Dans ma bulle », mais les similitudes s’évanouissent vite. Les jeux de piano, de violon et de batterie en feront sauter plus d’un. On apprécie ce morceau puisque Syrano part dans un délire de jeux de mots et tourne en dérision la prostitution « je fais le tapin en vendant un peu de ma voix, je suis un garçon de joie… je t’offre un peu de mon cul quand tu achètes mes cds » sur des intonations assez orientées hip hop.

    Cette lignée hip hop, elle va prendre toute son importance sur le septième titre du Goût du Sans. « Plus qu’une main » est principalement à coup de buttoirs électroniques et d’instruments additionnels. Mais au lieu de nous proposer une simple composition où l’on n’aurait de quoi s’en tenir, Syrano vient encore mettre sa touche personnelle puisqu’une mandole vient parsemer cet univers électronique, pour finalement voir débarquer à la fin le violoncelle. Pas grand-chose me direz-vous, mais de quoi donner ce petit côté original au morceau qui lui donne cette place à part.

    L’art de mélanger les instruments, les styles, Syrano le maîtrise. Il va une nouvelle fois en surprendre plus d’un sur « La marche des géants d’acier », véritable colosse du cd avec ses 8 minutes passées. Marche destructrice du fer, de la technologie : « le monde est sous tension, le progrès est en marche ! », les paroles se montrent aussi violentes que la musique. Légères puis violentes déflagrations électroniques, une guitare électrique vient déchirer la nuit, la batterie va finir par se déchainer, elle aussi, après un faux calme qui sera de courte durée avec un timide accordéon. Les 3 dernières minutes du morceau tourneront à la limite de la transe et du métal industriel. Ahurissant.

    Après avoir regardé à plusieurs reprises si quelqu’un n’avait pas changé le cd en douce dans la pochette, les deux morceaux suivants « Lorsque je m’abandonne » et « La grande roue » sont dans le même état d’esprit du début d’album. Comme si Syrano nous montrait qu’il aimait faire le registre qui l’a révélé, mais aussi qu’il savait faire autre chose. « L’homme seul » sera lui aussi une nouvelle approche concernant le point de vue instrumental avec simplement des percussions africaines et un violon… Il faut avouer que c’est réussi.

    Enfin « Le goût du sans » vient clôturer l’album de façon violente « nous des coups du sort, on en a connu cent, et j’ai gardé dans la gorge le goût du sang ». Syrano le termine dans un registre essentiellement hip hop, dans le son et dans le chant.

    Après toutes ces émotions, on peut croire que le cd s’arrête ici, mais il réserve encore quelques surprises. Syrano nous refait le coup avec « sa minute de silence » qui correspond à une minute… vierge ! Qu’il a joliment appelé « remix ».
Et surtout il nous propose 3 bonus tracks chantés exclusivement en anglais. Le premier, « My ghost bride » est acoustique, le deuxième « The clock family » est électro, enfin le dernier « such a loser » est très piano/rock.

    On s’attendait à tout, sauf à ça. La peur de voir un vulgaire Musiques de Chambre II s’est évanoui dès le début de l’album… Comme quoi, même après un excellent premier cd on peut maintenir la barre aussi haute.
Il a le cran de proposer un mélange de hip hop (un peu plus marqué) et de chanson française, avec désormais l’apparition de sons électroniques par-dessus. Une diversité musicale et instrumentale, des paroles toujours aussi léchées, Syrano se créait son propre univers. Un univers poétique, unique, qui en plus dure 64 minutes (c’est devenu si rare). Est-il resté enfant ? C’est possible.

    Après le coup de maître réalisé sur Musiques de Chambre, Syrano en réitère un nouveau. Chapeau.

                     syrano2



LE CD DANS LE DÉTAIL :

L'album :
1) Origami
2) L'enfant moitié
3) L'ours en peluche
4) La fille de par le vent
5) Bleu
6) Garçon de joie
7) Plus qu'une main
8) La marche des géants d'acier
9) Lorsque je m'abandonne
10) La grande roue
11) L'homme seul
12) Le goût du sans
13) Une minute de silence (remix)
14) My ghost bride (bonus track)
15) The clock family (bonus track)
16) Such a loser (bonus track)

Sortie : Mars 2009
Durée : 64 minutes
Album : 2e album

NOTE ALBUM : 18/20

LE CD EN ÉCOUTE :


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Commentaires
M
decouvert a la fete des<br /> vendanges a suresnes.<br /> une bonne doses d humanite<br /> dans un monde de brute.<br /> merci pour se vent de fraicheur.<br /> comment ne pas vous avoir connu avant.<br /> bougnat
A
Tu m'étonnes... Moi je trouve ça vraiment bon. Ce groupe commence à se faire un petit nom et c'est vraiment bien pour eux ! <br /> <br /> Longue vie !
H
Et bien c'est chose faite... Vendredi soir Siméo et Syrano en concert gratuit derrière le monastère royal de Brou.<br /> <br /> Très très sympa, un public très hétérogène. Syrano plutot bon et j'aime de plus en plus ses chansons. <br /> Bonne petite soirée :D
H
Bon alors...<br /> Tout d'abord, la pochette (c'est très important, une pochette d'album) j'adore!<br /> Ensuite le titre de l'album me plait énormément aussi.<br /> Et enfin le début de ta critique donne envie.<br /> Alors forcément je suis allée faire un tour sur deezer et ai écouté l'album en lisant ta critique.<br /> <br /> Juste merci de m'avoir fait découvrir cet artiste. Ta critique est, une fois de plus, très bien faite, à la fois concise et complète.<br /> <br /> Alors pourquoi pas le 3 juillet faire un petit tour à Bourg en Bresse et le voir en live serait sympa. Je raconterai si j'y vais ;-)
L
Ca donnait déjà bien envie, l'écoute confirme. Je surveillerai mon rayon disque :-)
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