Le bal des actrices

Vous vous souvenez peut-être du premier film de Maiween : Pardonnez-moi.

Dans ce film, elle réglait ce qu'on peut appeler de sacrés problèmes familiaux…Dans Le bal des actrices, cette fois, elle s'occupe...ben des actrices. Et oui. Maiween les veut toutes. Les actrices. Les vieilles, les jeunes, celles qui ont du succès, celles qui n’en ont plus, celles qui se la pètent, celles qui voudraient changer d’images…autant de portraits de femmes, souvent poussées à bout, des portraits souvent un peu exagérés comme pour confirmer certains clichés. Maiween les veut toutes parce qu’elle veut faire un documentaire, elle a convaincu son producteur, maintenant il ne lui reste plus qu’à suivre ces différentes femmes, partout, tout le temps.

Évidemment, il s’agit ici d’une maligne mise en abîme : Maiween se filme en train de filmer les actrices…et au final c’est pas un documentaire que l’on aura, mais un vrai film, souvent très drôle (amateurs de rire gras, passez votre chemin parce que c’est pas non plus une comédie pure et dure), jamais chiant…Je pense notamment aux courts passages chantés (et ouais, c’est la mode, la pseudo comédie musicale). Ceux qui ont eu le malheur de voir Agathe Cléry dernièrement pourront être rassurés : ça n’a rien à voir. Dans ces passages chantés les actrices sont bien mises en scène, ça apporte quelque chose au film et ça ne semble absolument pas collé artificiellement au reste de l’intrigue.

Évidemment j’ai eu une petite préférence pour des actrices que j’aime beaucoup habituellement, telles que Romane Boringher qui campe l’actrice has-been au bout du rouleau qui fait de la pub pour un portable entre deux castings ratés. C’est un thème que l’on retrouve souvent dans les interviews des actrices, cette peur de ne plus être appelée, cette crainte de ne plus motiver les réalisateurs…ça semble futile vu d’ici mais ce sont les risques d’un métier finalement assez instable (enfin, on sait tous que le succès et la gloire sont fragiles, parfois injustement mérités…et injustement retirés, aussi). Marina Fois et Muriel Robin, presque le même combat : des femmes qu’on voit avant tout pour leur dimension comique…Victimes d’une image, d’une étiquette qui leur colle à la peau et qui les empêche d’avancer.

Karole Rocher aussi, vue il y a peu de temps dans Stella. Une actrice qu’on voit pas tant que ça et que j’aime beaucoup. J’ai adoré son personnage de serveuse qui prend des cours de théâtre…et qui reste assez sceptique devant les exercices d’une prof tout à fait antipathique.

Je n’ai pas encore parlé du long baiser langoureux échangé entre Estelle Lefebure et Maiween. Elles y vont franco mais sincèrement, je vois pas ce que ça apporte au scénario, c’est de la provoc facile et j’ai trouvé la scène où elles nagent ensemble, complètement nues dans une piscine, beaucoup plus intéressante.

Contre toute attente, Joey Starr est pas mal dans le rôle du mec de Maiween et père de son fils, marrant, sympathique, presque attachant. Je ne l’avais jamais perçu ainsi. Il reste ce qu’il est (c’est à dire qu’il me plait pas du tout), mais je comprends presque que Béatrice Dalle soit restée avec lui plus de huit ans.

Bref, un film plein d’humour où tout le monde en prend pour son grade. Les actrices qui n’ont pas accepté d’être dans le film en prennent un peu plein la gueule quand même…Pas mal d’autodérision de la part de la réalisatrice également, c’est important de le souligner, et franchement, dans un milieu souvent assez prise de tête, une telle attitude et une telle sincérité, ça fait plaisir !

L'avis de Zofia :

Je ne sais pas pourquoi j'avais autant envie de voir ce film, peut-être à cause des actrices engagées, ou juste de l'affiche.

Quoiqu'il en soit, j'y suis allée et j'ai aimé, j'ai TOUT aimé. Je crois que c'est une des rare fois où je ne trouve pas de défauts, rien.

J’ai ris, j’ai pleuré, j’ai été émue. J’ai trouvé ça drôle, et émouvant. J’ai été touchée par la beauté féminine et pas uniquement celle des actrices. J’ai eu envie de chanter, d’applaudir et de crier. J’ai été excitée.
J’ai été surprise par Charlotte Rampling et Joey Starr. J’ai aimé le couple formé par Maïwenn et lui. J’ai aimé cette improbabilité qui sonne pourtant si naturellement. J’ai aimé la répartie, son regard. Et j’en suis presque venue à trouver Joey Starr, sexy et charmant.
Maïwenn est douée et son œil s’exerce. La réalisation n’est pas toujours stable mais elle fournit à ce film, le côté documentaire.

Ce docu-fiction où tout se mêle, où la réalité devient imaginaire et l’imagination réelle. Tellement bien mélangée qu’il en devient impossible de distinguer le vrai du faux, la réalité de la fiction. D’ordinaire, je n’aime pas être baladée comme ça, sans savoir quoi croire. Mais là, j’ai aimé cette sensation, cette sensation d’être perdue. De vouloir tout croire puis tout rejeter en bloc.
J’ai aimé le mélange de la fiction avec la chanson, ça m’a rappelé 8 Femmes ou Filles perdues, cheveux gras.  Très finement fait. Chanson en rapport avec l’actrice qui l’interprète. On devine un fond de vérités.

Quant aux actrices… elles sont inoubliables, insupportables et complètement indispensables. Il n’y en a pas une que j’ai préférée à l’autre. Elles m’ont troublée et j’ai aimé l’être.
On voit dans ce film, les actrices comme elles le sont peu souvent, à la fois elles-mêmes et quelqu’un d’autre. Dans le fond, actrice c’est être un peu schizophrénique. J’ai bien aimé cette vision du monde du ciné, je sais pas c’était différent.
Je crois que pour l’instant, c’est le film de 2009 qui m’a procuré le plus plaisir. Un truc indéfinissable tellement c’était fort et multiple.

Comments

[So']

Moi j'ai bien aimé, surtout Joey Starr :)

[Heavenly]

Hum, très tentant à vrai dire.
Pourquoi pas!

[zofia]

Vous pouvez y aller ! ;-)

[Thomas]

Je pensais avoir posté un commentaire là-dessus mais non ..
Juste pour dire que ce film ne me tentait pas à la base et qu'après voir lu plusieurs critiques positives,ça m'a donné envie d'en voir plus et pourquoi pas d'y aller un jour.

[Petiteconne]

Meela : Le premier est pas mal aussi... mate le si t'as l'occaz, il veut la peine...mais c'est dans un autre style, un peu du genre Festen.