Rubber, le pneu tueur
Quentin Dupieux (Réalisateur du très étrange STEACK, et musicien caché derrière M. Oizo) est un homme audacieux: non content de nous proposer un film au sujet plus que décalé, à savoir l'itinéraire d'un pneu tueur et télépathe, amoureux d'une jeune fille et dont les méfaits sont observés par un public dans le désert en Californie, il se permet de nous expliquer en préambule que nous, spectateurs, allons être prit pour des buses pendant une heure et demi.
Le film se veut donc une sorte de Road movie à la croisée entre la série B, un film de Tarantino et une ambiance qui peut parfois flirter avec du Lynch. Au delà du spectacle délirant d'un pneu qui tue des gens par la pensée (concept drôle mais qui ne tiendrait pas sur la durée), le réalisateur nous propose une réflexion sur le cinéma, le spectateur et son traitement. Dès l'introduction et tout au long du film, ses acteurs font voler la barrière de la fiction et commentent le film, le renverse, les spectateurs sensés nous représenter dans le film interviennent et sont autant d'acteur de ce qui se passe à l'écran.
Cette mise en abime, toujours drôle (car c'est une comédie, et non un film d'horreur) est la véritable force du film, même s'il est assez déroutant et parfois hilarant d'observer les errances et les méfaits du Pneu. Du coup, le film baigne constamment dans un non-sens total, et si le propos est tenu, l'intrigue elle, est absolument débile. Les dialogues sont rares, le rythme est trainant comme peu l'être celui d'un No country for old men, sauf que le tueur est un pneu... Les acteurs sont assez froids et campent des personnages tous plus désagréables les uns que les autres. Stephen Spinella est gigantesque en faux-flic conscient du spectacle qui se joue et Jack Plotnick joue un beau spécimen d'abruti méchant.
Enfin sachez que le film a entièrement été tourné avec un appareil photo, mais les images sont tellement léchées qu'on ne s'en rend pas compte, au contraire le rendu est assez intéressant.
Au final il en résulte un film ovni, qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui vous fera marrer du début à la fin si votre cerveau malade accepte le concept même du film. Il est agréable de voir qu'on peut encore être original, créatif et malgré tout financé pour un projet pareil. Même si on sent que le film n'a pas un budget colossal, on ne peut qu'être admiratif devant le travail de l'image et le soin apporté à ambiance, aussi bien sonore que visuelle. Un sacré morceau de cinéma.