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21 mars 2009

Johan Padan à la découvertes des Amériques de Dario Fo

Coup de téléphone 24h avant. J'ai deux places pour aller voir une pièce de théâtre, à Montpellier. Toi qui aimes l'histoire, tu vas apprécier : ça parle de l'Inquisition et de la découverte des Amériques. Bon, dis comme-ça, j'étais pas très chaud. Puis au final, au lieu de rester enfermé, j'ai dis oui. Putain que je ne regrette pas.


                             Johan_Padan

L'histoire :
Elle est très simple. Johan Padan est Vénitien, au 15e siècle. Il est amoureux d'une sorcière qui lui donne des conseils pour se faciliter la vie. L'Europe, en pleine querelle religieuse, est à feu et à sang. Mis à mal par l'Inquisition locale, Padan saute dans un premier bateau et débarque à Séville, en Espagne. Même topo. Il saute donc dans un second bateau. Sans le savoir, il part vers les Amériques !
Il va y rencontrer les peuples indios et essaie de sauver sa peau dans un premier temps. Dans un second temps il apprend avec les moyens du bord leur culture. Puis enfin, il tente de leur enseigner la foi catholique pour éviter qu'ils soient réduits en esclavage par les espagnols !

Les décors:
C'est époustouflant ! Cette pièce est digne de la relève du théâtre contemporain et de son renouveau. La scène est dénuée de décors. Il n'y a rien !

Les acteurs :
Ils sont trois seulement, pour ne pas dire un. L'acteur principal est situé en plein milieu de la scène, avec une simple chaise. Les deux autres sont sur les côtés, surélevés sur deux petites estrades séparées, au fond. Mais ces deux-là ne parlent pas ! Un est à la guitare sèche, et l'autre a un double rôle : il s'occupe des bruitages (peu nombreux au final), et à la flûte traversière et au saxo. C'est tout !

                             johan_padan

La mise en scène :
Elle est terrible. Et pourtant les 10 premières minutes on s'est demandé ce qu'on faisait ici vu la mise en scène que l'on pensait (je dis bien pensait) pauvre. On se rend vite compte que la pièce va être racontée uniquement par une personne : Johan Padan, au centre de la scène. Et c'est là que je dis CHAPEAU.
Pendant 1h25, il fait tout : il raconte admirablement bien (bon ok, c'est son métier), il bouge, il saute, il mime tout, mais absolument tout avec sa simple chaise, sans temps mort ! On se demande comment le mec fait pour tenir la pièce seul pendant tout ce temps ! Il nous a littéralement amené dans son voyage, nous a fait découvrir les peuples indiens, leur coûtumes, leur mode de vie. Et bien sûr le tout est raconté de façon comique, tournant à la dérision toutes les méthodes d'impérialisme colonialiste royal et religieux. Un monologue, car au final c'en est un (!), exceptionnel. Je vous dis pas lorsqu'il a donné son premier de catéchisme aux indiens ! Fou rire assuré quand ces derniers décident de faire une véritable ovation à la fille de joie la plus célèbre de l’histoire Marie-Madeleine, sans oublier le petit exercice de chant des cantiques chrétiens en dandelinant les hanches à la façon flamenco. Et clou de l’histoire quand ces mêmes sauvages se demandent à la fois méfiants et perplexes ce que peut bien être ce fruit qu’est la "pomme" qui a envoyé à la perdition l’humanité toute entière. Qu’à cela ne tienne. La pomme n’existe pas en Amérique ? "Vous n’avez qu’à imaginer que c’est une papaye", répond Johan Padan. Et voilà donc Adam et Eve chassés du paradis pour avoir croqué dans une papaye ! On vous épargne ici la séance d’apprentissage de la trinité (Dieu qui est 1, mais en fait non, qui est 3…on a perdu quelqu’un ?)
 
On peut même retrouver un côté cartoon dans la mise en scène avec notamment les deux musiciens qui mettaient en musique les situations et faisaient des bruitages comiques par dessus la parole. Tout coincidait à merveille, quelle fluidité ! Jamais ils n'ont pris la parole, pourtant beaucoup étaient persuadés en sortant d'avoir vu plusieurs personnages !

Le contenu :
Vraiment rien à redire dans la forme, mais pour qualifier une pièce d'excellente, il faut voir si "le fond" l'est tout autant. Et c'est là qu'on reste le cul par terre. Car à travers cette mise en scène originale et délirante, il y a une véritable satire politique. Oui, c'est le mot. Son condencé critique est vraiment surprenant. L'impérialisme conduit au nom de la religion est montré du doigt, tout comme les dérapages d'un capitalisme en position de marche. Quel régal ! Que de subtilités ! Cette comédie burlesque montre admirablement bien les cruautés et absurdités de la colonisation espagnole.


Une pièce de : Dario Fo (prix nobel de la littérature 1997)
Mise en scène et interprétation : Laurent Cappe
Musiciens : Eric Paque et Arnaud Thuillez
Durée : 1h25

Vu au Théâtre d'O de Montpellier le jeudi 19 mars 2009.

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Commentaires
P
Haaaaan voilà tous mes espoirs réduits à néant.<br /> tant pis, je retournerai voir l'Avare.
A
Désolé les filles c'était la dernière^^<br /> Vous reprendrez bien un peu de thé à la menthe ?!<br /> <br /> Non sans rire c'était vraiment excellent !
Z
Oui c'est rare et ton enthousiasme fait plaisir ! <br /> Ça a l'air vraiment surprenant et intéressant, tu me donnes envie de voir si ça passe vers chez moi... :-)
P
C'est rare qu'on parle théatre ici, c'est bien ;)<br /> <br /> En tous cas, vu ta critique, ça donne envie d'y aller... ça a l'air de sortir de l'ordinaire (même si à cause de mon parcours universitaire, je suis plus attirée par les pièces dites "classiques")
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