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11 janvier 2008

La vie devant soi - Romain Gary

Prix Goncourt 1975

C’est à Belleville, au sixième sans ascenseur que Madame Rosa, ancienne prostituée, a ouvert une pension pour ces « gosses qui sont nés de travers »…les gosses que les putes ne peuvent pas garder avec elles…mais qu’elles reviennent voir de temps à autre.

Là haut, vit Momo, un petit mec de 10ans qui raconte sa vie chez cette énorme, vieille, laide Madame Rosa…sans embellir la réalité mais toujours avec beaucoup de tendresse.

« La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappelait chaque fois qu'elle ne se plaignait pas d'autre part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c'était une femme qui aurait mérité un ascenseur. »

Tout au long de ce roman (que Romain Gary a écrit sous son pseudo Emile Ajar) qui fut un énorme succès, Momo parle de ses doutes, de son quotidien, de ses peurs, mais tout tourne toujours autour de cette Madame Rosa, de plus en plus malade, de plus en plus faible…Elle perd à peu la tête et il arrive un jour où elle ne pourra plus descendre ses six étages…

Resté seul avec elle, Momo prend tout en charge, heureusement aidé par les autres habitants de l’immeuble. Madame Lola, la « travestite » ancien boxeur sénégalais reconverti dans le tapin au bois de Boulogne. Ses amis africains qui viennent sortir Madame Rosa de son ramollissement mental avec leurs chants et leurs danses..Le vieux Monsieur Hamil qui n'a lu que le Coran et Victor Hugo,qu'il sait par coeur, et qui, à la fin de sa vie, a une forte tendance à les confondre... Tout un petit monde solidaire vite rattrapé par les problèmes.

Cette vieille juive, qui a connu Auschwitz a toujours peur de voir les Allemands revenir la chercher, elle ne veut pas mourir à l’hôpital, elle ne veut pas qu’on la garde en vie et Momo va lui permettre d’échapper à cet acharnement médical qu’elle craint tant.

" Je suis resté un bon moment avec lui en laissant passer le temps, celui qui va lentement et qui n'est pas français. Monsieur Hamil m'avait souvent dit que le temps vient lentement du désert avec ses caravanes de chameaux et qu'il n'était pas pressé car il transportait l'éternité. Mais c'est toujours plus joli quand on le raconte que lorsqu'on le regarde sur le visage d'une vieille personne qui se fait voler chaque jour un peu plus et si vous voulez mon avis, le temps, c'est du côté des voleurs qu'il faut le chercher ".

Dans ce roman Gary/Ajar invente un style tout à fait nouveau, proche du langage parlé ,souvent familier mais ne tombe jamais dans l’argot ou dans la vulgarité. Phrases distordues et poétiques, mot à la place d’un autre…

C'est ce que j'appele un livre-citation, un livre où il a tellement de belles choses écrites qu'on voudrait le recopier...en entier sur les murs de sa chambre.

Mais ce qui touche vraiment, ce sont les personnages, Momo en tête, terriblement attachants, terriblement politiquement incorrects. Les thèmes de la maladie, de la mort, de la vieillesse qui parcourent l’heure de Romain Gary sont encore une fois bien présents mais ce n’est pas une histoire triste au final, parce qu’après tout, Momo a encore la vie devant lui, même si c’est sans doute la phrase la plus conne qu’on lui ai sorti…enfin c’est ce qu’il dit.

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Commentaires
Z
J'en ai jamais lu non plus, vu l'histoire ça a l'air triste... mais vu ce que tu en dis, ça a l'air bien :)
P
Romain Gary était ce qu'on peut appeler un dépressif. Mais ça veut pas pour autant dire qu'il aborde de manière dramatique les thèmes qui te gènent.<br /> Si ça faisait pleurer dans les chaumières, il n'y aurait aucun interet à lire ça.
C
J'aime bien ce genre de style parlé, par contre, les thèmes me parlent moins...<br /> Jamais lu de Romain Gary, se serait peut-être l'occasion...
P
Haaan je comprends bien ton problème, ça me rappele ma jeunesse-pas-dorée en lettres modernes! Quand on nous file tellement de trucs à lire qu'on a ni le temps ni l'envie de lire pour nous!<br /> Et Romain n'est jamais au programme, évidemment.<br /> (Flaubert,si)
L
je veux lire depuis longtemps du romain gary (mais j'ai pas le temps..raa)<br /> j'essayerai d'aller à la biblio :)
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